C’est donc en compagnie de Carole et Julian que nous prenons la route vers le Wadi Rum.
L’arrivée sur le parking du « visitor center » est assez ahurissante. Les rabatteurs des différents tours proposés dans le Wadi Rum nous harcèlent dès la descente de la voiture. Les premiers « special price » commencent à se faire entendre. Nos deux anges gardiens optent pour un tour en 4x4 avant de repartir vers Aqaba pour la nuit. De notre côté, le seul plan que nous avons en tête est : dépenser le moins possible dans ce désert tout en profitant à fond du site. Exit donc les tours en 4x4 ou en dromadaires. La nuit dans un campement est assez chère mais il nous reste 8 JD (environ 8 euros) et pas l’ombre d’un distributeur de billets à l’horizon.
Finalement nous dépensons nos derniers sous dans 3 bouteilles d’eau, 5 pains, de la vache qui rit, 3 concombres et des gâteaux à la datte. Nous gardons 3 JD (au cas où !).
Après avoir laissé une partie de nos affaires chez le commerçant, nous partons vers le désert. Mes sentiments sont mitigés : l’excitation se mêle à une petite dose d’appréhension pour cette première confrontation avec le désert dans un dépouillement certain. De part et d’autre de la piste, les montagnes se dressent rendant l’entrée dans le désert très solennelle.
Nous croisons la route de quelques 4x4 lancés à toute allure sur le sable plus ou moins carrossable.
Le plan touristique en main nous essayons de rejoindre les dunes de sables, ici la fréquentation du lieu est presque nulle. Le silence est alors perceptible, la chaleur ne gêne pas et le sable tiède permet de marcher pieds nus.
Un peu plus loin des bédouins impressionnent les touristes par leur conduite sur les dunes. Nous passons ce spot touristique et acceptons l’invitation d’un couple pour prendre le thé avec eux. Ils sont Jordaniens et passent les vacances dans le désert avec leur 4x4, une tente, une théière et des provisions. L’homme, anglophone, nous entretien sur le remaniement ministériel français… auquel nous n’étions même pas au courant ! En retour nous offrons quelques pâtisseries à la datte, excellentes avec le thé.
Désaltéré par ce bon thé et les jambes reposées nous reprenons la route. Quelques centaines de mètres plus loin nous croisons de nouveau nos jordaniens, le 4x4 ensablé. Après quelques efforts la voiture est finalement tirée d’affaire, ce qui ne sera pas le cas d’une voiture d’un groupe d’Israéliens, malgré un nombre important de bras !
Le soleil commence à décliner et nous n’avons toujours pas de logement. L’heure n’est pas encore à l’affolement mais plutôt à la contemplation de cette nature grandiose en priant le chapelet.
Le moment fatidique du coucher de soleil arrive, nous avons heureusement la lune qui brille intensément dans cette nuit. Au loin des phares de 4x4 traversent l’horizon à toute allure. Un autre 4x4 arrive dans notre dos, il ralenti et finalement s’arrête à notre niveau. Nous lui demandons notre route (car effectivement nous étions plus ou moins perdu, à cause notamment de la carte touristique plutôt imprécise). Etonné de voir des touristes sans guide à cette heure là, il nous invite dans son campement non loin de là.
Le trajet en 4x4 de nuit est extra, notre chef bédouin slalome entre les jeunes pousses et les cailloux tout en jouant avec la boite de vitesse. Il se nomme Abu Ghaled, et sera aussi un de nos anges gardiens. Nous retrouvons dans le campement, autour du feu, un groupe de français venu passer la nuit dans le désert. Nous racontons notre parcours et écoutons les anecdotes de ce groupe tout à fait sympathique.
Après un diner chaud et un thé bédouin (excellent !) je m’endors à la belle étoile sans trop de difficulté malgré le matelas plus ou moins rembourré.
Le lendemain, petit déj’ bédouin : œuf dur, yaourt, pain trempé dans un mélange thym et huile d’olive plus l’inévitable thé. Après m’avoir expliqué le chemin en dessinant toutes ses montagnes qu’il connaît par cœur, notre bédouin nous quitte pour gérer un autre groupe arrivé dans la matinée. Hé oui, pas de repos pour ces nouveaux hommes d’affaires du désert.
Nous marchons pendant une bonne partie de la matinée, avant de croiser un autre 4x4 qui nous propose de monter sur son toit jusqu’à une arche de pierre, qui, dit on, est magnifique. Embraqués sur le toit, le paysage défile beaucoup plus vite et la vitesse crée une petite brise rafraichissante.
Nous arrivons au niveau de l’arche, croisons encore quelques touristes, puis nous repartons à pieds vers la partie du désert très peu fréquentée. Ici peu de traces de 4x4 et un silence extraordinaire. La vue, plus dégagée offre la sensation d’être totalement coupé du monde.
La fin d’après midi approchant, il nous faut absolument admirer le coucher de soleil d’une des montagnes qui se dressent devant nous. Les sacs déposés au bas de la montagne et c’est le début de l’ascension qui nous prendra une bonne demi heure.
La récompense est tout de même bien au delà de nos attentes. Le soleil descendant, les couleurs changent de teinte pour faire ressortir plus encore toute la beauté du site.
Que je suis loin ici de mes préoccupations habituelles (comment vont être les embouteillages ce matin ? Attention il faut retourner à la sûreté générale sous peine d’expulsion. Je ne dois pas faire ce restau’ si je veux rester dans mon budget. Etc.) Tout cela est bien en dehors de mon esprit, ce qui est tout à fait relaxant.
En revanche, nos priorités sont beaucoup plus terre à terre, et il s’agit maintenant de redescendre rapidement avant la nuit tombée. Tous ceux qui ont déjà un peu crapahuté dans les montagnes savent bien que la descente et toujours plus périeuse que la montée… ce qui n’a pas manqué ici ! Arrivés en bas nous reprenons la route sans trop savoir où nous allons, mais avec dans la tête l’espoir qu’un nouvel ange gardien croise notre chemin.
Ce soir là, il semble être plus occupé ou moins pressé de nous rencontrer ! Finalement un guide bédouin nous indique une tente où son cousin et un autre guide passe la nuit... sauvés ! Malheureusement ils ne parlent qu’arabe et notre conversation est donc limitée par notre volume d’heures de cours ! Nous partageons nos dernières provisions et profitons d’un thé réconfortant avant de s’endormir.
Levé très matinal le lendemain pour admirer le levé de soleil. Emmitouflé dans une couverture, le réveil reste quand même un peu frais.
Après avoir remerciez nos hôtes nous nous engageons dans un siq en jouant au « 1er qui touche le sol à perdu » mes frères reconnaitront rapidement de quoi je veux parler !
Rapidement, l’heure du retour approche et il nous faut quitter ce désert si envoutant et ses habitants si charmant.
Direction Aqaba, que nous rejoignons dans la Mercedez blanche, intérieur cuir violet, vitres teintées, d’un Saoudien en tunique blanche et keffieh rouge et blanc.
Aqaba, ville mythique où Lawrence d’Arabie et son armée Arabe chargent les Turcs après avoir traversés le désert du Wadi Rum.
C’est aussi la ville carrefour : nous pouvons voir du balcon de l’auberge l’Egypte, Israël et derrière une montagne dit on il y a l’Arabie Saoudite.
Et encore un pôle économique en expansion avec un port de commerce important à l’entrée de la mer rouge.
La mer rouge tient ! L’endroit est réputé pour ses fonds marins d’une richesse extraordinaire ce qui est plus qu’exact. En effet après avoir loué masques et tubas, les récifs coralliens, les petits poissons de toutes les couleurs et les oursins aux épines menaçantes s’offrent à nous.
C’est ici, lieu de départ et d’arrivée, en tout cas de transit que nous prenons la route pour rejoindre Beyrouth avec en perspectives : la fac, les collocs, les potes, mais aussi l’Avent et Noël qui coïncide avec l’arrivée de mon premier visiteur français : mon grand frère préféré… vous me direz, pas très dur j’en ai qu’un !
Quoi qu’il en soit : Ahlan wa Sahlan à tous ceux qui auront envie de suivre son exemple.