Pour ce trajet nous jouons les touristes (plus ou moins retraités ici) en choisissant un car au confort (et hélas au prix) européens !
La route du Désert traverse le pays du Nord au Sud. Principale artère pour la circulation des marchandises, nous croisons d’innombrables camions. Le paysage est désertique et plutôt monotone. Le ciel gris et les averses éparses n’aident pas à égayer ce trajet. Pourtant l’excitation reste intacte. L’idée de voir Pétra dans quelques heures travaille un peu mon esprit. Est ce vraiment LE plus beau site du Proche Orient ? Comme le vante le guide. Ne vais-je pas être déçu car on m’en aurait trop dit ? Le suspens est à son comble. L’arrivée dans le village de Wadi Musa me fait peur. Cette ville construite totalement ex nihilo semble être le Las Vegas local. Il n’y a que des hôtels et restaurants qui absorbent le flot continu de touristes. Les rues sont arpentées par une foule d’occidentaux d’où se distinguent de temps en temps quelques locaux. Nous négocions difficilement un taxi pour rejoindre l’auberge conseillée par Jean Baptiste la veille. Heureusement il reste des lits dans un des dortoirs de cet établissement prisé des routards plutôt fauchés. Nous posons le plus gros de nos affaires et c’est parti pour la cité Nabatéenne !
Nous laissons au guichet la coquette somme de 55 euros pour 2 jours ! Commencent ici deux jours inoubliables. Il faut tout d’abord se frayer un chemin parmi les groupes de touristes, qui marchent heureusement à un rythme moins soutenu. L’arrivée dans le siq nous fait rentrer dans le vif du sujet. Le siq désigne un canyon dans la roche anciennement creusé par une rivière et qui sert de chemin d’accès vers la cité.
Les Nabatéens apparaissent dans la région vers le 7ème siècle avant JC. Nomades en péninsule arabique ils se sédentarisent peu à peu et développent le commerce de la myrrhe, de l’encens et des épices (tiens tiens, ça me rappelle une histoire !). La prospérité de cette société attise les convoitises d’où le repli stratégique dans les montagnes de Pétra qui offrent une protection accrue et une défense du siq plutôt aisée. Les romains auront finalement raison de ce peuple d’irréductibles en les privant d’activités économiques. Ils délaissent la route de Pétra et privilégient dorénavant celle de Palmyre, en Syrie.
Tout au long du siq une rigole est creusée dans la roche pour permettre (dans le temps) l'approvisionnement de la ville en eau. Tout à coup, au moment où personne ne s’y attend, le Khazneh se dévoile au détour d’un virage.
C’est le plus connu et disons le plus beau des monuments de Pétra, haut de 43m ce tombeau est entièrement taillé dans la roche. Malheureusement pour les photos, le ciel était gris le 1er jour.
Anecdote sympathique : Les cupides Bédouins qui découvrirent le site ont criblé de balles l’urne qui surplombe le Khazneh, persuadés qu’elle renfermait un trésor… malheureusement (pour eux) l’urne était aussi taillé dans la pierre.
Anecdote culturelle (les cinéphiles le savent déjà) mais c’est ici qu’Indiana Jones arrive pour passer les 3 épreuves qui le mène au Saint Graal.
Nous continuons ensuite notre chemin pour découvrir la ville basse et admirer les façades étonnamment conservées. Ici il est possible de prendre conscience de l’importance de la ville et de son niveau de développement.
En effet un théâtre est toujours présent ainsi que plusieurs temples dédiés aux divinités gréco-romaines mais aussi à celles d’Arabie. Une via romaine est encore remarquablement conservée et j’ose dire carrossable !
Après cette entrée en matière sur les sentiers balisés nous prenons de la hauteur pour admirer la cité. Nous croisons de temps en temps quelques touristes (tous français) plutôt jeunes ayant visiblement la même idée. Nous admirons le Khazneh en surplomb, je vous laisse profiter de la vue.
Le chemin du retour est long et la nuit commence à tomber. En chemin un couple de français nous interpelle. Julian et Carole sont profs de français à Istanbul, ils empruntent le même itinéraire, d’où nos rencontres sur le bord de la mer Morte et aujourd’hui à Pétra. Nous profitons de leur voiture pour remonter à l’auberge. En nous quittant, Carole nous glisse « A demain ! ». Voici de nouveaux anges gardiens.
Après une bonne nuit de repos, les jambes fatiguées par les innombrables marches de la veille, nous reprenons le chemin du siq, chargés avec de quoi faire un pique nique.
Notre objectif de la journée : le mont Aaron. C’est ici qu’est enterré Aaron le frère de Moïse. Une mosquée peinte en blanc est posée au somment ce qui nous donne un bon point de repère dans la phase d’approche du sommet, qui culmine tout de même à 1396 m d’altitude. La balade est magique, pas ou très peu de monde, un paysage sublime et un silence…assourdissant, comme disait l'autre !
Au sommet, un militaire est posté près d’un drapeau Jordanien. Il est vrai que le panorama est plutôt stratégique. Les montagnes de différentes couleurs ravissent nos appétits de photos.
Au loin il est possible d’apercevoir le Monastère, 2ème monument le plus connu à Pétra. Il tient son nom d’une communauté de chrétiens du premier siècle venue se réfugiée dans la cité protectrice.
Sur le chemin du retour des enfants bédouins nous entrainent chez eux pour un thé bien mérité. La majorité est ici féminine, en effet les hommes sont sur le site avec leurs fils pour tenir une boutique de souvenirs ou harceler les touristes pour un tour en âne. La discussion est sommaire du fait de notre niveau d’arabe mais les locaux sont toujours touchés et bienveillants quand ils nous écoutent buter sur nos premières leçons. L’un des enfants parle quelques mots d’anglais, sans doute appris sur le site au contact des clients étrangers.
De retour dans la ville basse, la journée n’est pas encore terminée, il nous faut admirer le coucher de soleil du haut du Monastère. Vaillamment nous entamons les quelques 788 marches (inégales évidemment) qui mènent vers l’objectif. Malheureusement nos forces ne nous permettent pas d’arriver à temps pour le coucher de soleil. La contre partie sera finalement de profiter du lieu vidé d'une bonne partie des touristes.
En rentrant de jeunes bédouins acceptent de nous transporter sur leurs ânes gratuitement jusqu’à l’entrée du site.
Le retour, à la lueur de la lune, en compagnie de ces guides volubiles dans le siq, reste un des moments forts de cette journée. La discussion se prolonge dans le même restaurant que la veille mais cette fois ci nous profitons des tarifs locaux et, pour sensiblement la même commande, le serveur a divisé sa note par 4 entre les deux soirs ! Ici c’est donc l’attitude du local que nous adoptons et cela nous va à merveille.
On allait oublier nos chers français, mais une voix familière nous interpelle dans la rue. Nos anges gardiens nous proposent leur voiture en direction du Wadi Rum pour le lendemain matin. Ravi de passer un peu plus de temps en leur compagnie et d’éviter les affres du bus local nous acceptons avec joie.
L’auberge est toujours aussi animée que la veille, après Lawrence d’Arabie le 1er soir, c’est maintenant Indiana Jones qui passe à la télé. Un résident depuis une semaine me confie que les deux tournent en boucle depuis le début de son séjour !
Malgré une literie plus que limite, je ferme l’œil sans difficulté. Vers 6h00 les plus matinaux commencent à prendre la route. De notre coté, nous avons rendez vous un peu plus tard pour partir à la rencontre du Désert et de ses habitants. D’ici là, encore un peu de patience !
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