Le départ :
15h gare routière de Charles Helou, Nous nous retrouvons Tiffany, Sarah, Guillaume et moi à la recherche d’un bus en direction de Damas.
Nous trouvons finalement un Taxi en compagnie de 2 Syriens après avoir affronté l'assaut des différents chauffeurs nous vantant des prix cassés. L'homme à l’avant pianote sur son I-pad, nous apprenons par la suite qu’il travaille pour le gouvernement Syrien en adaptant les jeux vidéos aux critères de moralités de son pays.
Je pars en Jordanie avec Tiffany ma colloc’ et Sarah une de ses amies de la fac. Guillaume, ami de Tiffany nous accompagne jusqu’à Damas. P
- Le touriste retraité
- Le routard
- Le local
Le 4ème type sera notre attitude dans la situation particulière qui se rapprochera parfois plus du routard ou bien sera calquée sur celui du touriste ou encore prendra la même direction que celle du local.
Le passage à la frontière n’a rien à voir avec nos précédents passages lors de mon premier voyage. Ici le chauffeur connaît les douaniers et simplifie la procédure par le jeu de ses relations. L’arrivée à Damas de nuit ajoute au charme de la ville teinté de jaune et d’innombrables lumières vertes représentant les minarets de cette ville.
Notre informaticien syrien nous conduit alors avec sa voiture vers un cybercafé pour récupérer l’adresse de Justine notre hôte à Damas, puis il nous emmène jusqu’à chez elle. Ce sera notre premier Ange Gardien.
Nous passons le début de soirée à déambuler dans les ruelles de la vieille ville une glace à la pistache et fleur d’oranger à la main pour ensuite se poser dans le patio couvert d’un restaurant autour des traditionnels hommos, tabouleh, fallafels etc. Tout cela guidé par Justine une amie de Sciences Po de Tiffany et Guillaume qui fait sa 3ème année à Damas et se prête tout à fait au rôle de guide touristique dans cette ville qu’elle commence à bien connaître.
Le lendemain direction la gare routière pour une aventure de 10 jours qui restera dans ma mémoire.
Levé matinal et direction la gare routière de Damas à la recherche d’un bus faisant la liaison avec Amman. Malheureusement le bus du matin est déjà parti et nous voilà donc obligé de prendre un taxi collectif. Ici on peut dire que nous sommes « locaux » car nous partageons la voiture avec une Syrienne, elle nous quittera à la frontière faute de visa valide. Le chauffeur profite de notre présence (et de nos sacs) pour faire passer des cigarettes du Duty Free vers la Jordanie. L’atmosphère du poste frontière est beaucoup plus chaleureuse et l’on peut sentir que l’accueil des touristes est mieux préparé et surtout très attendu !
« Welcome in Jordan » ou encore « Ahlan wa sahlan » (bienvenu) résonnent sur notre passage, d’autant plus quand nous essayons une salutation en arabe. Les locaux nous considèrent alors non pas comme des touristes lambda mais comme des hôtes, nous y reviendrons plus loin.
L’arrivée à Amman est impressionnante, la ville semble s’étaler à perte de vue sur les différentes collines qui la composent. Le taxi nous dépose Down Town, c’est donc chargés de nos gros sacs que nous parcourrons la ville à la recherche d’une auberge, le guide du routard à la main.
Dans cette situation, le Touriste retraité préfèrera un bel établissement un peu plus sur les hauteurs à 100 JD (environ 100 euros) la chambre double… sans petit déjeuner ! mais avec piscine.
Le local quant à lui s’invitera dans sa famille, entre les cousins, les oncles, et les frères et sœurs il n’aura que l’embarras du choix pour trouver une adresse pour la nuit.
Nous suivrons le comportement du routard. Ici le must est d’essayer de dormir sur le toit des auberges pour 3 euros. Malheureusement les températures chutent trop en novembre dans les heures avancées de la nuit pour pouvoir utiliser cette option. Nous nous en tirons finalement pour 5 euros le lit dans une vraie chambre.
Andrew, le gérant, est Jordanien et Orthodoxe, les cheveux poivre et sel, l’œil vif et une cigarette à la main il ne quitte pas son bureau et conseille les touristes. Nous sympathisons rapidement et suivons ses précieux conseils pour profiter un maximum de la ville. Il fait parti aussi de nos anges gardiens du voyage.
Nous partons donc à l’assaut de la citadelle d’un pas décidé pour admirer le coucher de soleil sur les différentes collines de la ville qui commencent à s’illuminer.
C’est alors que le chant des muezzins commence à s’élever dans cette atmosphère déjà envoutante. Instant magique et dépaysement total.
L’appel à la prière tombe à pic car nous prenons la direction d’une église indiquée par Andrew pour la messe anticipée du Dimanche. Le rite est orthodoxe. Le Pope dans son habit de noir manie l’encensoir avec une grande dextérité et commence à rendre l’Eglise totalement enfumée. Les chants s’élèvent avec les volutes de fumées dans le chœur de l’Eglise aux trois portiques. Le portique central ouvre sur l’autel où seul le Pope et son servant d’autel peuvent accéder. Les panneaux de bois qui forment les portiques sont magnifiquement ouvragés. Une représentation de la Cène orne le fronton principal tandis que des médaillons des disciples forment une frise qui m’aide à prier dans cette cérémonie où le rite et la langue me sont étrangers. Je touche ici du doigt l’incompréhension qui peut gagner un non croyant lorsqu’il assiste à la messe : le sentiment d’être exclu d’une mécanique bien rodée combinant postures, gestes, paroles et chants. Cela m’a fait prendre conscience de l’importance de l’accueil des personnes en quête de Dieu dans nos églises souvent renfermées sur des petits groupes d’habitués. Nous rentrons ensuite à l’hôtel en prévoyant pour le lendemain une excursion vers le Nord.
Pour rejoindre la ville de Ajlun au nord d’Amman nous aurions pu choisir la méthode routarde du hitch hiking gratuite mais aléatoire. Il y avait aussi la méthode du touriste retraité prenant son car climatisé d’un parking payant à un autre. Nous optons finalement pour la méthode locale du bus. Solution peu onéreuse mais assez lente du fait des nombreux arrêts ponctuant le trajet.
Nous entamons les 3 kms d’ascension jusqu’à la forteresse du 12ème, construite sur les ruines d’un monastère byzantin, par le neveu de Saladin pour empêcher l’avancée des croisés.
Cette forteresse domine la vallée du Jourdain et offre une vue imprenable sur les monts de Judée, le plateau du Golan ou encore le mont Tabor.
Sans perdre de temps nous sautons dans un bus direction Jerash pour la visite de la cité Antique réputée comme la plus vaste et la mieux conservée du Monde ! Selon la légende elle fut créée par Alexandre le Grand aux alentours du 4ème siècle avant JC. Les grecs en font une ville prospère qui deviendra Romaine par la suite. Elle bénéficie de la pax romana, des routes commerciales et des plaines fertiles lors de son apogée avant de décliner avec la venue des Byzantins.
En entrant dans le site nous assistons à une reconstitution des jeux dans l’hippodrome. Malheureusement les prix élevés ont raison de notre petit budget étudiant. Voici tout de même quelques clichés dérobés !
Le site s’étend sur près de 2 kms que nous parcourons sous un soleil plutôt clément. Le Forum est sans doute l’un des sites le mieux conservé, sa forme ovale est originale, un autel se trouve au centre d’un dallage impeccable donnant vraiment l’impression d’un grand retour en arrière. Nous cherchons derrière les innombrables colonnes un sénateur réajustant sa toge ou encore un légionnaire avec son paquetage.
La visite continue sur le Cardo Maximus, artère principale de la ville, bordée de nombreuses colonnes.
La chaussée entièrement dallée a souffert du temps et des tremblements de terre mais reste tout à fait praticable. Au niveau du temple d’Artémis dans le centre de la cité nous avisons un vendeur de thé. Le jeune déjà bien rodé en affaires soutire 1 JD (1 euro) pour chaque tasse et le flot des touristes assoiffés par l’éprouvante visite lui assure un bon chiffre d’affaire. Nous sympathisons avec lui ; ravi de voir des jeunes de son âge il tombe sous le charme de Sarah et nous offre donc le thé si attendu.
Un groupe de touristes français arrive sur le lieux mené par un guide volubile et plein d’humour. Nous suivons discrètement une partie de la visite avant d’entamer la conversation avec lui. Il propose de nous ramener en car le soir vers Aman. C’est donc en qualité de touriste retraité que nous finissons la visite de la cité, profitant du savoir intarissable et des anecdotes savoureuses de notre guide d’adoption. Le retour en car climatisé nous change du bus jordanien enfumé par les cigarettes. Nous goûtons ainsi au confort des tours pour touristes retraités. Toutefois le programme expliqué par le guide pour le lendemain commence à 6H00, une bonne forme semble donc de mise pour ces voyageurs.
Le guide nous quitte en nous laissant de multiples conseils et suggestions pour la suite de notre voyage. Il nous installe dans un bus, le paye en disant : « en souvenir de mes années étudiantes ! ». Voici un autre Ange Gardien.
Nouvelle nuit chez Andrew avant d’entreprendre le lendemain un long tour : Madaba – Mont Nébo – Béthanie – Mer Morte avec l’aide d’un taxi et en compagnie de Danny, Nord Coréen.
Madaba est, à l’époque Byzantine une école de mosaïque réputée. (Je ne sais pas si elle concurrence tout de même celle de Spilimbergo dans le nord de l’Italie, village natale de ma Grand Mère) Mais hormis quelques mosaïques et quelques rues traditionnelles, la ville ne restera pas un de nos meilleurs souvenirs.
Nous reprenons la route vers le Mont Nébo. C’est ici que Moïse a pu contempler la Terre Promise avant de mourir. Le site offre de plus un panorama exceptionnel sur la Mer Morte, Le Jourdain, l’oasis de Jéricho et les Monts de Judée. Malheureusement une brume tenace nous cache une partie de ce paysage.
C’est ensuite en direction de Béthanie que nous nous dirigeons. Peu à peu on remarque des églises de toutes les confessions sur le bord de la route.
Nous marchons ensuite sur un circuit bien balisé en compagnie d’un guide assez pressant. Nous arrivons sur le lieu du Baptême de Jésus. L’émotion est grande quand je mets les pieds dans l’eau où le Christ a reçu le Baptême de la part de Jean Baptiste. De l’autre coté de la rive un groupe de pèlerin chinois chante un cantique tandis qu’un soldat Israélien monte la garde faisant face au militaire Jordanien.
Pour autant, l’atmosphère pacifique et recueillie, entretenue par les pèlerins des deux cotés du fleuve, ne semble même pas atteinte par cette tension pourtant bien présente.
Nous continuons sur cette Terre Sainte en direction de la mer Morte pour une halte beaucoup moins cultuelle mais tout à fait plaisante et originale. La baignade tant attendue, dans cette eau surchargée de sel, est extra. Mais peut être que le mieux est également d’écouter les commentaires et avis personnels de nos concitoyens favoris ! Extraits : « Tu sais Yolande, je crois que le taux de salinité est 8 fois supérieur à celui de l’océan, c’est le guide qui me l’a dit » ou encore « Oh regarde, la mer arrive même à soutenir Gérard (effectivement un peu en surpoids !) ». Ambiance garantie !
Après une douche obligatoire pour éviter de perdre sa peau, nous reprenons la route vers Amman car le soleil est déjà sur le déclin. Nous retrouvons l’auberge et faisons la connaissance de Jean Baptiste. Ce Savoyard aventurier entreprend un Tour du Monde depuis Aout. Il a traversé la France en vélo puis traversé la méditerranée en bateau stop (si si ça marche !) pour arriver en Syrie puis Jordanie. Nous dinons en sa compagnie, l’écoutant raconter ses péripéties et ses motivations pour un voyage comme celui-ci. Il vit en moyenne avec 5 euros par jour ce qui l’oblige à mendier le plus souvent son gîte et sa nourriture. Il nous parle beaucoup de philosophie, se dit athée d’où une discussion autour de la Foi très intéressante, jusque tard dans la nuit. Nous partons le lendemain pour Pétra qui marque le début d’un 2ème voyage !