mercredi 24 novembre 2010

Jordanie : Amman et sa Région


Le départ :

15h gare routière de Charles Helou, Nous nous retrouvons Tiffany, Sarah, Guillaume et moi à la recherche d’un bus en direction de Damas.

Nous trouvons finalement un Taxi en compagnie de 2 Syriens après avoir affronté l'assaut des différents chauffeurs nous vantant des prix cassés. L'homme à l’avant pianote sur son I-pad, nous apprenons par la suite qu’il travaille pour le gouvernement Syrien en adaptant les jeux vidéos aux critères de moralités de son pays.

Avant d'aller plus loin, petite présentation :

Je pars en Jordanie avec Tiffany ma colloc’ et Sarah une de ses amies de la fac. Guillaume, ami de Tiffany nous accompagne jusqu’à Damas. Pour raconter notre périple je vais partir des 3 types de gens rencontrés principalement :

- Le touriste retraité

- Le routard

- Le local

Le 4ème type sera notre attitude dans la situation particulière qui se rapprochera parfois plus du routard ou bien sera calquée sur celui du touriste ou encore prendra la même direction que celle du local.

Le passage à la frontière n’a rien à voir avec nos précédents passages lors de mon premier voyage. Ici le chauffeur connaît les douaniers et simplifie la procédure par le jeu de ses relations. L’arrivée à Damas de nuit ajoute au charme de la ville teinté de jaune et d’innombrables lumières vertes représentant les minarets de cette ville.

Notre informaticien syrien nous conduit alors avec sa voiture vers un cybercafé pour récupérer l’adresse de Justine notre hôte à Damas, puis il nous emmène jusqu’à chez elle. Ce sera notre premier Ange Gardien.

Nous passons le début de soirée à déambuler dans les ruelles de la vieille ville une glace à la pistache et fleur d’oranger à la main pour ensuite se poser dans le patio couvert d’un restaurant autour des traditionnels hommos, tabouleh, fallafels etc. Tout cela guidé par Justine une amie de Sciences Po de Tiffany et Guillaume qui fait sa 3ème année à Damas et se prête tout à fait au rôle de guide touristique dans cette ville qu’elle commence à bien connaître.

Le lendemain direction la gare routière pour une aventure de 10 jours qui restera dans ma mémoire.

Levé matinal et direction la gare routière de Damas à la recherche d’un bus faisant la liaison avec Amman. Malheureusement le bus du matin est déjà parti et nous voilà donc obligé de prendre un taxi collectif. Ici on peut dire que nous sommes « locaux » car nous partageons la voiture avec une Syrienne, elle nous quittera à la frontière faute de visa valide. Le chauffeur profite de notre présence (et de nos sacs) pour faire passer des cigarettes du Duty Free vers la Jordanie. L’atmosphère du poste frontière est beaucoup plus chaleureuse et l’on peut sentir que l’accueil des touristes est mieux préparé et surtout très attendu !

« Welcome in Jordan » ou encore « Ahlan wa sahlan » (bienvenu) résonnent sur notre passage, d’autant plus quand nous essayons une salutation en arabe. Les locaux nous considèrent alors non pas comme des touristes lambda mais comme des hôtes, nous y reviendrons plus loin.

L’arrivée à Amman est impressionnante, la ville semble s’étaler à perte de vue sur les différentes collines qui la composent. Le taxi nous dépose Down Town, c’est donc chargés de nos gros sacs que nous parcourrons la ville à la recherche d’une auberge, le guide du routard à la main.

Dans cette situation, le Touriste retraité préfèrera un bel établissement un peu plus sur les hauteurs à 100 JD (environ 100 euros) la chambre double… sans petit déjeuner ! mais avec piscine.

Le local quant à lui s’invitera dans sa famille, entre les cousins, les oncles, et les frères et sœurs il n’aura que l’embarras du choix pour trouver une adresse pour la nuit.

Nous suivrons le comportement du routard. Ici le must est d’essayer de dormir sur le toit des auberges pour 3 euros. Malheureusement les températures chutent trop en novembre dans les heures avancées de la nuit pour pouvoir utiliser cette option. Nous nous en tirons finalement pour 5 euros le lit dans une vraie chambre.

Andrew, le gérant, est Jordanien et Orthodoxe, les cheveux poivre et sel, l’œil vif et une cigarette à la main il ne quitte pas son bureau et conseille les touristes. Nous sympathisons rapidement et suivons ses précieux conseils pour profiter un maximum de la ville. Il fait parti aussi de nos anges gardiens du voyage.

Nous partons donc à l’assaut de la citadelle d’un pas décidé pour admirer le coucher de soleil sur les différentes collines de la ville qui commencent à s’illuminer.

C’est alors que le chant des muezzins commence à s’élever dans cette atmosphère déjà envoutante. Instant magique et dépaysement total.

L’appel à la prière tombe à pic car nous prenons la direction d’une église indiquée par Andrew pour la messe anticipée du Dimanche. Le rite est orthodoxe. Le Pope dans son habit de noir manie l’encensoir avec une grande dextérité et commence à rendre l’Eglise totalement enfumée. Les chants s’élèvent avec les volutes de fumées dans le chœur de l’Eglise aux trois portiques. Le portique central ouvre sur l’autel où seul le Pope et son servant d’autel peuvent accéder. Les panneaux de bois qui forment les portiques sont magnifiquement ouvragés. Une représentation de la Cène orne le fronton principal tandis que des médaillons des disciples forment une frise qui m’aide à prier dans cette cérémonie où le rite et la langue me sont étrangers. Je touche ici du doigt l’incompréhension qui peut gagner un non croyant lorsqu’il assiste à la messe : le sentiment d’être exclu d’une mécanique bien rodée combinant postures, gestes, paroles et chants. Cela m’a fait prendre conscience de l’importance de l’accueil des personnes en quête de Dieu dans nos églises souvent renfermées sur des petits groupes d’habitués. Nous rentrons ensuite à l’hôtel en prévoyant pour le lendemain une excursion vers le Nord.

Pour rejoindre la ville de Ajlun au nord d’Amman nous aurions pu choisir la méthode routarde du hitch hiking gratuite mais aléatoire. Il y avait aussi la méthode du touriste retraité prenant son car climatisé d’un parking payant à un autre. Nous optons finalement pour la méthode locale du bus. Solution peu onéreuse mais assez lente du fait des nombreux arrêts ponctuant le trajet.

Nous entamons les 3 kms d’ascension jusqu’à la forteresse du 12ème, construite sur les ruines d’un monastère byzantin, par le neveu de Saladin pour empêcher l’avancée des croisés.

Cette forteresse domine la vallée du Jourdain et offre une vue imprenable sur les monts de Judée, le plateau du Golan ou encore le mont Tabor.

Sans perdre de temps nous sautons dans un bus direction Jerash pour la visite de la cité Antique réputée comme la plus vaste et la mieux conservée du Monde ! Selon la légende elle fut créée par Alexandre le Grand aux alentours du 4ème siècle avant JC. Les grecs en font une ville prospère qui deviendra Romaine par la suite. Elle bénéficie de la pax romana, des routes commerciales et des plaines fertiles lors de son apogée avant de décliner avec la venue des Byzantins.

En entrant dans le site nous assistons à une reconstitution des jeux dans l’hippodrome. Malheureusement les prix élevés ont raison de notre petit budget étudiant. Voici tout de même quelques clichés dérobés !

Le site s’étend sur près de 2 kms que nous parcourons sous un soleil plutôt clément. Le Forum est sans doute l’un des sites le mieux conservé, sa forme ovale est originale, un autel se trouve au centre d’un dallage impeccable donnant vraiment l’impression d’un grand retour en arrière. Nous cherchons derrière les innombrables colonnes un sénateur réajustant sa toge ou encore un légionnaire avec son paquetage.

La visite continue sur le Cardo Maximus, artère principale de la ville, bordée de nombreuses colonnes.

La chaussée entièrement dallée a souffert du temps et des tremblements de terre mais reste tout à fait praticable. Au niveau du temple d’Artémis dans le centre de la cité nous avisons un vendeur de thé. Le jeune déjà bien rodé en affaires soutire 1 JD (1 euro) pour chaque tasse et le flot des touristes assoiffés par l’éprouvante visite lui assure un bon chiffre d’affaire. Nous sympathisons avec lui ; ravi de voir des jeunes de son âge il tombe sous le charme de Sarah et nous offre donc le thé si attendu.

Un groupe de touristes français arrive sur le lieux mené par un guide volubile et plein d’humour. Nous suivons discrètement une partie de la visite avant d’entamer la conversation avec lui. Il propose de nous ramener en car le soir vers Aman. C’est donc en qualité de touriste retraité que nous finissons la visite de la cité, profitant du savoir intarissable et des anecdotes savoureuses de notre guide d’adoption. Le retour en car climatisé nous change du bus jordanien enfumé par les cigarettes. Nous goûtons ainsi au confort des tours pour touristes retraités. Toutefois le programme expliqué par le guide pour le lendemain commence à 6H00, une bonne forme semble donc de mise pour ces voyageurs.

Le guide nous quitte en nous laissant de multiples conseils et suggestions pour la suite de notre voyage. Il nous installe dans un bus, le paye en disant : « en souvenir de mes années étudiantes ! ». Voici un autre Ange Gardien.

Nouvelle nuit chez Andrew avant d’entreprendre le lendemain un long tour : Madaba – Mont Nébo – Béthanie – Mer Morte avec l’aide d’un taxi et en compagnie de Danny, Nord Coréen.

Madaba est, à l’époque Byzantine une école de mosaïque réputée. (Je ne sais pas si elle concurrence tout de même celle de Spilimbergo dans le nord de l’Italie, village natale de ma Grand Mère) Mais hormis quelques mosaïques et quelques rues traditionnelles, la ville ne restera pas un de nos meilleurs souvenirs.

Nous reprenons la route vers le Mont Nébo. C’est ici que Moïse a pu contempler la Terre Promise avant de mourir. Le site offre de plus un panorama exceptionnel sur la Mer Morte, Le Jourdain, l’oasis de Jéricho et les Monts de Judée. Malheureusement une brume tenace nous cache une partie de ce paysage.

C’est ensuite en direction de Béthanie que nous nous dirigeons. Peu à peu on remarque des églises de toutes les confessions sur le bord de la route.

Nous marchons ensuite sur un circuit bien balisé en compagnie d’un guide assez pressant. Nous arrivons sur le lieu du Baptême de Jésus. L’émotion est grande quand je mets les pieds dans l’eau où le Christ a reçu le Baptême de la part de Jean Baptiste. De l’autre coté de la rive un groupe de pèlerin chinois chante un cantique tandis qu’un soldat Israélien monte la garde faisant face au militaire Jordanien.

Pour autant, l’atmosphère pacifique et recueillie, entretenue par les pèlerins des deux cotés du fleuve, ne semble même pas atteinte par cette tension pourtant bien présente.

Nous continuons sur cette Terre Sainte en direction de la mer Morte pour une halte beaucoup moins cultuelle mais tout à fait plaisante et originale. La baignade tant attendue, dans cette eau surchargée de sel, est extra. Mais peut être que le mieux est également d’écouter les commentaires et avis personnels de nos concitoyens favoris ! Extraits : « Tu sais Yolande, je crois que le taux de salinité est 8 fois supérieur à celui de l’océan, c’est le guide qui me l’a dit » ou encore « Oh regarde, la mer arrive même à soutenir Gérard (effectivement un peu en surpoids !) ». Ambiance garantie !

Après une douche obligatoire pour éviter de perdre sa peau, nous reprenons la route vers Amman car le soleil est déjà sur le déclin. Nous retrouvons l’auberge et faisons la connaissance de Jean Baptiste. Ce Savoyard aventurier entreprend un Tour du Monde depuis Aout. Il a traversé la France en vélo puis traversé la méditerranée en bateau stop (si si ça marche !) pour arriver en Syrie puis Jordanie. Nous dinons en sa compagnie, l’écoutant raconter ses péripéties et ses motivations pour un voyage comme celui-ci. Il vit en moyenne avec 5 euros par jour ce qui l’oblige à mendier le plus souvent son gîte et sa nourriture. Il nous parle beaucoup de philosophie, se dit athée d’où une discussion autour de la Foi très intéressante, jusque tard dans la nuit. Nous partons le lendemain pour Pétra qui marque le début d’un 2ème voyage !

mardi 2 novembre 2010

10 jours en Syrie : 2ème Partie


Le soir nous arrivons dans la cité de Palmyre, perdue au milieu du désert cette ville fut autrefois une oasis sur la route de Bagdad vers Damas.

Aujourd’hui la ville se résume aux innombrables hôtels et restaurants qui se disputent les arrivages de touristes acheminés en cars puis déferlant sur le site. Cette halte est la bienvenue car ici le désert est rude. Pas de dunes de décors hollywoodiens, pas de sable fin mais des cailloux sur des étendues plates à perte de vue. Nous croisons des troupeaux de chameaux gardés par les bédouins qui contrôlent cette région et essayent de préserver leurs traditions nomades.

Ainsi le gérant de notre hôtel dispose de son frère pour faire les chambres, tandis que son autre frère et son cousin arpentent à moto le site pour vendre kéfiés et autres bijoux aux touristes fortunés. C’est donc un business familial reposant entièrement sur le tourisme et la crédulité de certains d’entre eux.

Nous dinons en terrasse avec une splendide vue sur les vestiges mis en valeur par l’éclairage.

Le lendemain matin nous visitons tôt le site en profitant des tarifs matinaux négociés pour une ballade en dromadaire. Expérience sympathique du fait notamment de l’étendue des vestiges mais très peu confortable finalement !

Nous décollons ensuite direction le Krak des Chevaliers. « Sans doute le mieux conservé et le plus admirable château du monde » estimait Lawrence d’Arabie. Matthieu devient de plus en plus excité à chaque kilomètre parcouru et la musique du Seigneur des Anneaux commence à devenir répétitive sur les 70 kms de ce trajet.

Ce château fut d’une importance stratégique pendant toute la période des croisades. C’est en 1099 que les croisés commencent la construction de la forteresse. Ils la défendent notamment contre Saladin mais le sultan Baïbars la prend en 1271.

Après cette visite éprouvante (un nombre de marches assez conséquent) nous prenons la route pour rejoindre Tartous. Cette ville du littoral ne restera pas dans nos esprits comme le meilleur souvenir. En effet, la ville tournée vers le commerce notamment grâce au port de commerce assez important, n’a pas mis dans ses priorités l’aménagement du littoral… ce qui donne des plages souillées par une quantité impressionnante de déchets. Cela dit, l’air marin est quand même très apprécié surtout après les températures records de notre escapade dans le désert.

C’est donc après une nuit plus ou moins réparatrice (chacun ayant lutté contre la maladie à un jour de décalage) que nous nous rendons au monastère de Mar Musa. Edifié au VIème siècle il surplombe du haut de sa falaise une grande plaine occupée par un camp de l’armée Syrienne.

Ici nous arrêtons la voiture au fond de la vallée et nous attaquons les « quelques » marches qui nous séparent du bâtiment principal du monastère. L’accueil y est très chaleureux, les frères et les sœurs polyglottes nous expliquent l’histoire de ce monastère relevé de ses ruines à l'initiative du fougueux Père jésuite Paolo depuis 1984. La fraicheur et le calme aident à la méditation dans ce lieu coupé du monde.

Le lendemain matin nous aidons un des frères pour le transport d’un générateur via un téléphérique, puis nous reprenons la route en direction de Damas.

Une halte s’impose sur le trajet : Ma’aloula. Ce village situé au milieu d’une cassure de la montagne est un des seuls endroits où l’on parle encore l’araméen, la langue du Christ. L’église Saint Serge est une des plus vieilles églises du monde encore préservées. Son autel fut récupéré sur un temple païen du 4ème siècle.

En fin d’après midi nous arrivons à Damas, la capitale, un syrien monte à bord de notre voiture et nous indique le chemin pour rejoindre le centre historique. La ville des Omeyyades regorge de trésors et nous disposons de 2 jours pour la visiter, ce qui ne sera en effet pas de trop. C’est LA cité la plus vieille du monde encore habitée, qui dispose depuis longtemps de nombreux atouts comme une source abondante, une rivière, des terres fertiles et une localisation entre le désert et la montagne. "La ville de Damas surpasse toutes les autres en beauté et en perfection ; et toute description, si longue qu’elle soit, est toujours trop courte pour ses belles qualités." Ibn Battûta, Explorateur Arabe.

Notre visite commence par un tour dans le souk, très vaste mais moins chaleureux que celui d’Alep. Nous visitons ensuite la Mosquée des Omeyyades, sans nul doute la plus belle mosquée de notre voyage. Cette mosquée contiendrait la dépouille de Saint Jean Baptiste. Tout cela entrecoupé de quelques jus de fruits frais pressés qui nous font oublier quelques instants la chaleur étouffante de la ville.

Le soir nous rencontrons deux amis anglais de Nicolas habitant à Damas. Ils nous invitent au restaurant sur le toit d’un immeuble. Cette soirée est très agréable car la fraicheur de la nuit commence à se faire sentir.

Dernière nuit à Damas et nous rendons les clés, organisons le coffre et direction Beyrouth.

Mais avant, la frontière syrienne nous attend (une fois de plus !). Un premier douanier nous demande d’abord de nous acquitter de la taxe de sortie en nous annonçant un prix supérieur au montant que nous indique la carte. Commence donc ici une nouvelle négociation qui durera et finalement nous quittons le pays avec le sentiment de ne pas s’être fait avoir (C’est beau les sentiments !).

L’arrivée à Beyrouth marque la fin d’un séjour inoubliable dans une région magnifique, berceau de la civilisation, et peuplée d’habitants chaleureux et hospitaliers rendant ainsi le voyage encore plus enrichissant.

Je dois également remercier mes compères : Matthieu, Nicolas et Emmanuel de m’avoir supporté pendant ces 10 jours.

Mais mon infinie gratitude et toute ma reconnaissance reviennent sans aucun doute à ma chère 309, qui, une fois de plus, ne nous a pas lâchée et qui, je l’espère tiendra pour un éventuel trajet retour… Inch' Allah !