Aujourd’hui la ville se résume aux innombrables hôtels et restaurants qui se disputent les arrivages de touristes acheminés en cars puis déferlant sur le site. Cette halte est la bienvenue car ici le désert est rude. Pas de dunes de décors hollywoodiens, pas de sable fin mais des cailloux sur des étendues plates à perte de vue. Nous croisons des troupeaux de chameaux gardés par les bédouins qui contrôlent cette région et essayent de préserver leurs traditions nomades.
Ainsi le gérant de notre hôtel dispose de son frère pour faire les chambres, tandis que son autre frère et son cousin arpentent à moto le site pour vendre kéfiés et autres bijoux aux touristes fortunés. C’est donc un business familial reposant entièrement sur le tourisme et la crédulité de certains d’entre eux.
Nous dinons en terrasse avec une splendide vue sur les vestiges mis en valeur par l’éclairage.
Le lendemain matin nous visitons tôt le site en profitant des tarifs matinaux négociés pour une ballade en dromadaire. Expérience sympathique du fait notamment de l’étendue des vestiges mais très peu confortable finalement !
Nous décollons ensuite direction le Krak des Chevaliers. « Sans doute le mieux conservé et le plus admirable château du monde » estimait Lawrence d’Arabie. Matthieu devient de plus en plus excité à chaque kilomètre parcouru et la musique du Seigneur des Anneaux commence à devenir répétitive sur les 70 kms de ce trajet.
Ce château fut d’une importance stratégique pendant toute la période des croisades. C’est en 1099 que les croisés commencent la construction de la forteresse. Ils la défendent notamment contre Saladin mais le sultan Baïbars la prend en 1271.
Après cette visite éprouvante (un nombre de marches assez conséquent) nous prenons la route pour rejoindre Tartous. Cette ville du littoral ne restera pas dans nos esprits comme le meilleur souvenir. En effet, la ville tournée vers le commerce notamment grâce au port de commerce assez important, n’a pas mis dans ses priorités l’aménagement du littoral… ce qui donne des plages souillées par une quantité impressionnante de déchets. Cela dit, l’air marin est quand même très apprécié surtout après les températures records de notre escapade dans le désert.
C’est donc après une nuit plus ou moins réparatrice (chacun ayant lutté contre la maladie à un jour de décalage) que nous nous rendons au monastère de Mar Musa. Edifié au VIème siècle il surplombe du haut de sa falaise une grande plaine occupée par un camp de l’armée Syrienne.
Ici nous arrêtons la voiture au fond de la vallée et nous attaquons les « quelques » marches qui nous séparent du bâtiment principal du monastère. L’accueil y est très chaleureux, les frères et les sœurs polyglottes nous expliquent l’histoire de ce monastère relevé de ses ruines à l'initiative du fougueux Père jésuite Paolo depuis 1984. La fraicheur et le calme aident à la méditation dans ce lieu coupé du monde.
Le lendemain matin nous aidons un des frères pour le transport d’un générateur via un téléphérique, puis nous reprenons la route en direction de Damas.
Une halte s’impose sur le trajet : Ma’aloula. Ce village situé au milieu d’une cassure de la montagne est un des seuls endroits où l’on parle encore l’araméen, la langue du Christ. L’église Saint Serge est une des plus vieilles églises du monde encore préservées. Son autel fut récupéré sur un temple païen du 4ème siècle.
En fin d’après midi nous arrivons à Damas, la capitale, un syrien monte à bord de notre voiture et nous indique le chemin pour rejoindre le centre historique. La ville des Omeyyades regorge de trésors et nous disposons de 2 jours pour la visiter, ce qui ne sera en effet pas de trop. C’est LA cité la plus vieille du monde encore habitée, qui dispose depuis longtemps de nombreux atouts comme une source abondante, une rivière, des terres fertiles et une localisation entre le désert et la montagne. "La ville de Damas surpasse toutes les autres en beauté et en perfection ; et toute description, si longue qu’elle soit, est toujours trop courte pour ses belles qualités." Ibn Battûta, Explorateur Arabe.
Notre visite commence par un tour dans le souk, très vaste mais moins chaleureux que celui d’Alep. Nous visitons ensuite la Mosquée des Omeyyades, sans nul doute la plus belle mosquée de notre voyage. Cette mosquée contiendrait la dépouille de Saint Jean Baptiste. Tout cela entrecoupé de quelques jus de fruits frais pressés qui nous font oublier quelques instants la chaleur étouffante de la ville.
Le soir nous rencontrons deux amis anglais de Nicolas habitant à Damas. Ils nous invitent au restaurant sur le toit d’un immeuble. Cette soirée est très agréable car la fraicheur de la nuit commence à se faire sentir.
Dernière nuit à Damas et nous rendons les clés, organisons le coffre et direction Beyrouth.
Mais avant, la frontière syrienne nous attend (une fois de plus !). Un premier douanier nous demande d’abord de nous acquitter de la taxe de sortie en nous annonçant un prix supérieur au montant que nous indique la carte. Commence donc ici une nouvelle négociation qui durera et finalement nous quittons le pays avec le sentiment de ne pas s’être fait avoir (C’est beau les sentiments !).
L’arrivée à Beyrouth marque la fin d’un séjour inoubliable dans une région magnifique, berceau de la civilisation, et peuplée d’habitants chaleureux et hospitaliers rendant ainsi le voyage encore plus enrichissant.
Je dois également remercier mes compères : Matthieu, Nicolas et Emmanuel de m’avoir supporté pendant ces 10 jours.
Mais mon infinie gratitude et toute ma reconnaissance reviennent sans aucun doute à ma chère 309, qui, une fois de plus, ne nous a pas lâchée et qui, je l’espère tiendra pour un éventuel trajet retour… Inch' Allah !
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