vendredi 17 décembre 2010

Wadi Rum






C’est donc en compagnie de Carole et Julian que nous prenons la route vers le Wadi Rum.

L’arrivée sur le parking du « visitor center » est assez ahurissante. Les rabatteurs des différents tours proposés dans le Wadi Rum nous harcèlent dès la descente de la voiture. Les premiers « special price » commencent à se faire entendre. Nos deux anges gardiens optent pour un tour en 4x4 avant de repartir vers Aqaba pour la nuit. De notre côté, le seul plan que nous avons en tête est : dépenser le moins possible dans ce désert tout en profitant à fond du site. Exit donc les tours en 4x4 ou en dromadaires. La nuit dans un campement est assez chère mais il nous reste 8 JD (environ 8 euros) et pas l’ombre d’un distributeur de billets à l’horizon.

Finalement nous dépensons nos derniers sous dans 3 bouteilles d’eau, 5 pains, de la vache qui rit, 3 concombres et des gâteaux à la datte. Nous gardons 3 JD (au cas où !).

Après avoir laissé une partie de nos affaires chez le commerçant, nous partons vers le désert. Mes sentiments sont mitigés : l’excitation se mêle à une petite dose d’appréhension pour cette première confrontation avec le désert dans un dépouillement certain. De part et d’autre de la piste, les montagnes se dressent rendant l’entrée dans le désert très solennelle.


Nous croisons la route de quelques 4x4 lancés à toute allure sur le sable plus ou moins carrossable.

Le plan touristique en main nous essayons de rejoindre les dunes de sables, ici la fréquentation du lieu est presque nulle. Le silence est alors perceptible, la chaleur ne gêne pas et le sable tiède permet de marcher pieds nus.

Un peu plus loin des bédouins impressionnent les touristes par leur conduite sur les dunes. Nous passons ce spot touristique et acceptons l’invitation d’un couple pour prendre le thé avec eux. Ils sont Jordaniens et passent les vacances dans le désert avec leur 4x4, une tente, une théière et des provisions. L’homme, anglophone, nous entretien sur le remaniement ministériel français… auquel nous n’étions même pas au courant ! En retour nous offrons quelques pâtisseries à la datte, excellentes avec le thé.

Désaltéré par ce bon thé et les jambes reposées nous reprenons la route. Quelques centaines de mètres plus loin nous croisons de nouveau nos jordaniens, le 4x4 ensablé. Après quelques efforts la voiture est finalement tirée d’affaire, ce qui ne sera pas le cas d’une voiture d’un groupe d’Israéliens, malgré un nombre important de bras !

Le soleil commence à décliner et nous n’avons toujours pas de logement. L’heure n’est pas encore à l’affolement mais plutôt à la contemplation de cette nature grandiose en priant le chapelet.

Le moment fatidique du coucher de soleil arrive, nous avons heureusement la lune qui brille intensément dans cette nuit. Au loin des phares de 4x4 traversent l’horizon à toute allure. Un autre 4x4 arrive dans notre dos, il ralenti et finalement s’arrête à notre niveau. Nous lui demandons notre route (car effectivement nous étions plus ou moins perdu, à cause notamment de la carte touristique plutôt imprécise). Etonné de voir des touristes sans guide à cette heure là, il nous invite dans son campement non loin de là.

Le trajet en 4x4 de nuit est extra, notre chef bédouin slalome entre les jeunes pousses et les cailloux tout en jouant avec la boite de vitesse. Il se nomme Abu Ghaled, et sera aussi un de nos anges gardiens. Nous retrouvons dans le campement, autour du feu, un groupe de français venu passer la nuit dans le désert. Nous racontons notre parcours et écoutons les anecdotes de ce groupe tout à fait sympathique.

Après un diner chaud et un thé bédouin (excellent !) je m’endors à la belle étoile sans trop de difficulté malgré le matelas plus ou moins rembourré.

Le lendemain, petit déj’ bédouin : œuf dur, yaourt, pain trempé dans un mélange thym et huile d’olive plus l’inévitable thé. Après m’avoir expliqué le chemin en dessinant toutes ses montagnes qu’il connaît par cœur, notre bédouin nous quitte pour gérer un autre groupe arrivé dans la matinée. Hé oui, pas de repos pour ces nouveaux hommes d’affaires du désert.

Nous marchons pendant une bonne partie de la matinée, avant de croiser un autre 4x4 qui nous propose de monter sur son toit jusqu’à une arche de pierre, qui, dit on, est magnifique. Embraqués sur le toit, le paysage défile beaucoup plus vite et la vitesse crée une petite brise rafraichissante.

Nous arrivons au niveau de l’arche, croisons encore quelques touristes, puis nous repartons à pieds vers la partie du désert très peu fréquentée. Ici peu de traces de 4x4 et un silence extraordinaire. La vue, plus dégagée offre la sensation d’être totalement coupé du monde.

La fin d’après midi approchant, il nous faut absolument admirer le coucher de soleil d’une des montagnes qui se dressent devant nous. Les sacs déposés au bas de la montagne et c’est le début de l’ascension qui nous prendra une bonne demi heure.

La récompense est tout de même bien au delà de nos attentes. Le soleil descendant, les couleurs changent de teinte pour faire ressortir plus encore toute la beauté du site.

Que je suis loin ici de mes préoccupations habituelles (comment vont être les embouteillages ce matin ? Attention il faut retourner à la sûreté générale sous peine d’expulsion. Je ne dois pas faire ce restau’ si je veux rester dans mon budget. Etc.) Tout cela est bien en dehors de mon esprit, ce qui est tout à fait relaxant.

En revanche, nos priorités sont beaucoup plus terre à terre, et il s’agit maintenant de redescendre rapidement avant la nuit tombée. Tous ceux qui ont déjà un peu crapahuté dans les montagnes savent bien que la descente et toujours plus périeuse que la montée… ce qui n’a pas manqué ici ! Arrivés en bas nous reprenons la route sans trop savoir où nous allons, mais avec dans la tête l’espoir qu’un nouvel ange gardien croise notre chemin.

Ce soir là, il semble être plus occupé ou moins pressé de nous rencontrer ! Finalement un guide bédouin nous indique une tente où son cousin et un autre guide passe la nuit... sauvés ! Malheureusement ils ne parlent qu’arabe et notre conversation est donc limitée par notre volume d’heures de cours ! Nous partageons nos dernières provisions et profitons d’un thé réconfortant avant de s’endormir.

Levé très matinal le lendemain pour admirer le levé de soleil. Emmitouflé dans une couverture, le réveil reste quand même un peu frais.

Après avoir remerciez nos hôtes nous nous engageons dans un siq en jouant au « 1er qui touche le sol à perdu » mes frères reconnaitront rapidement de quoi je veux parler !

Rapidement, l’heure du retour approche et il nous faut quitter ce désert si envoutant et ses habitants si charmant.

Direction Aqaba, que nous rejoignons dans la Mercedez blanche, intérieur cuir violet, vitres teintées, d’un Saoudien en tunique blanche et keffieh rouge et blanc.

Aqaba, ville mythique où Lawrence d’Arabie et son armée Arabe chargent les Turcs après avoir traversés le désert du Wadi Rum.

C’est aussi la ville carrefour : nous pouvons voir du balcon de l’auberge l’Egypte, Israël et derrière une montagne dit on il y a l’Arabie Saoudite.

Et encore un pôle économique en expansion avec un port de commerce important à l’entrée de la mer rouge.

La mer rouge tient ! L’endroit est réputé pour ses fonds marins d’une richesse extraordinaire ce qui est plus qu’exact. En effet après avoir loué masques et tubas, les récifs coralliens, les petits poissons de toutes les couleurs et les oursins aux épines menaçantes s’offrent à nous.

C’est ici, lieu de départ et d’arrivée, en tout cas de transit que nous prenons la route pour rejoindre Beyrouth avec en perspectives : la fac, les collocs, les potes, mais aussi l’Avent et Noël qui coïncide avec l’arrivée de mon premier visiteur français : mon grand frère préféré… vous me direz, pas très dur j’en ai qu’un !

Quoi qu’il en soit : Ahlan wa Sahlan à tous ceux qui auront envie de suivre son exemple.

jeudi 2 décembre 2010

Pétra


Pour ce trajet nous jouons les touristes (plus ou moins retraités ici) en choisissant un car au confort (et hélas au prix) européens !

La route du Désert traverse le pays du Nord au Sud. Principale artère pour la circulation des marchandises, nous croisons d’innombrables camions. Le paysage est désertique et plutôt monotone. Le ciel gris et les averses éparses n’aident pas à égayer ce trajet. Pourtant l’excitation reste intacte. L’idée de voir Pétra dans quelques heures travaille un peu mon esprit. Est ce vraiment LE plus beau site du Proche Orient ? Comme le vante le guide. Ne vais-je pas être déçu car on m’en aurait trop dit ? Le suspens est à son comble. L’arrivée dans le village de Wadi Musa me fait peur. Cette ville construite totalement ex nihilo semble être le Las Vegas local. Il n’y a que des hôtels et restaurants qui absorbent le flot continu de touristes. Les rues sont arpentées par une foule d’occidentaux d’où se distinguent de temps en temps quelques locaux. Nous négocions difficilement un taxi pour rejoindre l’auberge conseillée par Jean Baptiste la veille. Heureusement il reste des lits dans un des dortoirs de cet établissement prisé des routards plutôt fauchés. Nous posons le plus gros de nos affaires et c’est parti pour la cité Nabatéenne !

Nous laissons au guichet la coquette somme de 55 euros pour 2 jours ! Commencent ici deux jours inoubliables. Il faut tout d’abord se frayer un chemin parmi les groupes de touristes, qui marchent heureusement à un rythme moins soutenu. L’arrivée dans le siq nous fait rentrer dans le vif du sujet. Le siq désigne un canyon dans la roche anciennement creusé par une rivière et qui sert de chemin d’accès vers la cité.

Les Nabatéens apparaissent dans la région vers le 7ème siècle avant JC. Nomades en péninsule arabique ils se sédentarisent peu à peu et développent le commerce de la myrrhe, de l’encens et des épices (tiens tiens, ça me rappelle une histoire !). La prospérité de cette société attise les convoitises d’où le repli stratégique dans les montagnes de Pétra qui offrent une protection accrue et une défense du siq plutôt aisée. Les romains auront finalement raison de ce peuple d’irréductibles en les privant d’activités économiques. Ils délaissent la route de Pétra et privilégient dorénavant celle de Palmyre, en Syrie.

Tout au long du siq une rigole est creusée dans la roche pour permettre (dans le temps) l'approvisionnement de la ville en eau. Tout à coup, au moment où personne ne s’y attend, le Khazneh se dévoile au détour d’un virage.

C’est le plus connu et disons le plus beau des monuments de Pétra, haut de 43m ce tombeau est entièrement taillé dans la roche. Malheureusement pour les photos, le ciel était gris le 1er jour.

Anecdote sympathique : Les cupides Bédouins qui découvrirent le site ont criblé de balles l’urne qui surplombe le Khazneh, persuadés qu’elle renfermait un trésor… malheureusement (pour eux) l’urne était aussi taillé dans la pierre.

Anecdote culturelle (les cinéphiles le savent déjà) mais c’est ici qu’Indiana Jones arrive pour passer les 3 épreuves qui le mène au Saint Graal.

Nous continuons ensuite notre chemin pour découvrir la ville basse et admirer les façades étonnamment conservées. Ici il est possible de prendre conscience de l’importance de la ville et de son niveau de développement.

En effet un théâtre est toujours présent ainsi que plusieurs temples dédiés aux divinités gréco-romaines mais aussi à celles d’Arabie. Une via romaine est encore remarquablement conservée et j’ose dire carrossable !

Après cette entrée en matière sur les sentiers balisés nous prenons de la hauteur pour admirer la cité. Nous croisons de temps en temps quelques touristes (tous français) plutôt jeunes ayant visiblement la même idée. Nous admirons le Khazneh en surplomb, je vous laisse profiter de la vue.

Le chemin du retour est long et la nuit commence à tomber. En chemin un couple de français nous interpelle. Julian et Carole sont profs de français à Istanbul, ils empruntent le même itinéraire, d’où nos rencontres sur le bord de la mer Morte et aujourd’hui à Pétra. Nous profitons de leur voiture pour remonter à l’auberge. En nous quittant, Carole nous glisse « A demain ! ». Voici de nouveaux anges gardiens.

Après une bonne nuit de repos, les jambes fatiguées par les innombrables marches de la veille, nous reprenons le chemin du siq, chargés avec de quoi faire un pique nique.

Notre objectif de la journée : le mont Aaron. C’est ici qu’est enterré Aaron le frère de Moïse. Une mosquée peinte en blanc est posée au somment ce qui nous donne un bon point de repère dans la phase d’approche du sommet, qui culmine tout de même à 1396 m d’altitude. La balade est magique, pas ou très peu de monde, un paysage sublime et un silence…assourdissant, comme disait l'autre !

Au sommet, un militaire est posté près d’un drapeau Jordanien. Il est vrai que le panorama est plutôt stratégique. Les montagnes de différentes couleurs ravissent nos appétits de photos.

Au loin il est possible d’apercevoir le Monastère, 2ème monument le plus connu à Pétra. Il tient son nom d’une communauté de chrétiens du premier siècle venue se réfugiée dans la cité protectrice.

Sur le chemin du retour des enfants bédouins nous entrainent chez eux pour un thé bien mérité. La majorité est ici féminine, en effet les hommes sont sur le site avec leurs fils pour tenir une boutique de souvenirs ou harceler les touristes pour un tour en âne. La discussion est sommaire du fait de notre niveau d’arabe mais les locaux sont toujours touchés et bienveillants quand ils nous écoutent buter sur nos premières leçons. L’un des enfants parle quelques mots d’anglais, sans doute appris sur le site au contact des clients étrangers.

De retour dans la ville basse, la journée n’est pas encore terminée, il nous faut admirer le coucher de soleil du haut du Monastère. Vaillamment nous entamons les quelques 788 marches (inégales évidemment) qui mènent vers l’objectif. Malheureusement nos forces ne nous permettent pas d’arriver à temps pour le coucher de soleil. La contre partie sera finalement de profiter du lieu vidé d'une bonne partie des touristes.


En rentrant de jeunes bédouins acceptent de nous transporter sur leurs ânes gratuitement jusqu’à l’entrée du site.

Le retour, à la lueur de la lune, en compagnie de ces guides volubiles dans le siq, reste un des moments forts de cette journée. La discussion se prolonge dans le même restaurant que la veille mais cette fois ci nous profitons des tarifs locaux et, pour sensiblement la même commande, le serveur a divisé sa note par 4 entre les deux soirs ! Ici c’est donc l’attitude du local que nous adoptons et cela nous va à merveille.

On allait oublier nos chers français, mais une voix familière nous interpelle dans la rue. Nos anges gardiens nous proposent leur voiture en direction du Wadi Rum pour le lendemain matin. Ravi de passer un peu plus de temps en leur compagnie et d’éviter les affres du bus local nous acceptons avec joie.

L’auberge est toujours aussi animée que la veille, après Lawrence d’Arabie le 1er soir, c’est maintenant Indiana Jones qui passe à la télé. Un résident depuis une semaine me confie que les deux tournent en boucle depuis le début de son séjour !

Malgré une literie plus que limite, je ferme l’œil sans difficulté. Vers 6h00 les plus matinaux commencent à prendre la route. De notre coté, nous avons rendez vous un peu plus tard pour partir à la rencontre du Désert et de ses habitants. D’ici là, encore un peu de patience !