Nous dinons dans l’appart trouvé par Tiffany et ses amis libanais, où je vais rester un an. Après la semaine de voyage sur la route, d’auberge en auberge au confort assez spartiate dans l’ensemble, il est bon de retrouver un petit chez soi même si ce n’est que pour deux jours.
8H : le réveil sonne, la salle à manger – salon, transformée pour l’occasion en dortoir, s’éveille lentement. Les plus organisés ont déjà leurs sacs quasiment bouclés et regardent du fond de leurs sacs de couchage les retardataires qui essayent de réunir leurs affaires.
Après un petit déj’ pris sur le pouce nous chargeons la voiture et direction les embouteillages beyrouthins de la matinée. La chaleur, déjà très présente le matin, plus la pollution, rendent l’atmosphère vite irrespirable dans certains quartiers. Nous fonçons alors en direction de la frontière Syrienne : notre première halte !
Le poste frontière est différent de celui emprunté lors de notre arrivée au Liban, mais disons que l’esprit est le même ! Nous recommençons donc le petit manège, auquel nous sommes maintenant bien rodés, entre les différents bureaux en essayant de ne rien lâcher sur les petites sommes continuellement demandées.
Finalement le passage se révèle plus rapide que la dernière fois et nous pouvons repartir en direction d’Alep, notre première Ville – étape (comme ils disent sur le Tour de France !).
Emmanuel nous invite chez Grégoire, un de ses amis rencontré lors de son année dans la Marine. Grégoire vit depuis deux ans à Alep, il travaille dans une fabrique du fameux savon. Il partage avec Kémal, un Turc, une magnifique maison typique avec cour intérieure... et piscine !
Après un diner bien mérité nous partons boire un verre au Baron. Un des plus vieux hôtels de la ville, là où Lawrence d’Arabie séjourna et écrivit sa vision du monde Arabe uni. La ville est restée très pittoresque avec des ruelles étroites, de vieilles maisons et des petits commerces en tout genre. La notion du temps disparaît un peu et le dépaysement devient absolu. Les minarets se répondent régulièrement, donnant ainsi la mesure de la vie locale.
C’est d’ailleurs au son du muezzin que nous nous éveillons le lendemain. Le programme s’annonce chargé puisque nous resterons 2 jours dans cette ville.
La visite du souk est sans doute l’un des meilleurs souvenirs. Tous nos sens sont en éveil jusqu'à parfois être mis à l’épreuve ! En effet les 12 kilomètres de boyaux du souk sont organisés selon les différents types de produits. Ainsi, le passage dans le quartier des épices, brassées par les ventilos des marchands, laisse un souvenir pour le moins piquant pour le nez et les yeux.
Au détour d’une échoppe nous apercevons la grande mosquée d’Alep qui se trouve au beau milieu du souk. La première impression est celle du calme qui contraste avec le tumulte du souk. Les fidèles se purifient à la fontaine avant de rejoindre la salle de prière. Commence ensuite le rituel de la prière. Cette expérience d’un lieu de culte sans partager la foi ni même la connaître laisse un goût d’inachevé dont j'espère me débarrasser en me plongeant dans un certain nombre de lectures.
Les guides Michelin et Routard en main, nous continuons vers la citadelle d’Alep, véritable joyau du génie militaire de l’époque, elle surplombe la ville du haut de sa butte qui depuis le 2ème millénaire avant JC est occupée. La forteresse est encore assez bien conservée, des fouilles archéologiques y sont actuellement réalisées. Nous apprenons qu’elle n’a jamais été prise par la force tout au long de son histoire.
Après cette journée éprouvante à travers le souk, la mosquée et la citadelle, nous nous accordons une pause dans un Hammam de la ville. 1ère expérience en ce qui me concerne pour cette activité très prisée des locaux qui y passent régulièrement avant de rejoindre la mosquée pour la prière. Un premier bain dans une piscine puis direction les vapeurs bouillantes qui nous font transpirer un bon moment. Enfin une douche froide avec l’inévitable savon d’Alep. En sortant, nous avons la sensation d’un niveau de propreté élevé, rarement atteint depuis le départ...
Grégoire décide ensuite de nous emmener chez Sissi, restaurant gastronomique dans un cadre magnifique avec piano-bar discret et service chaleureux, le tout pour un prix très abordable.
Pas le temps pour une grasse mat’ le lendemain, direction les « villes mortes » autour d’Alep. Rassurez vous, nous ne sommes pas des adeptes d’un tourisme morbide ! C’est le nom des cités ou villages romains, byzantins, arabes du 3ème au 6ème siècle après JC abandonnées pour de multiples raisons (tremblement de terre, invasions, sécheresses) mais préservées des dégâts du temps.
Nous croisons le monastère de Saint Siméon. Vers l’an 400, le saint devient stylite et vit les 40 dernières années de sa vie perché sur une colonne de 3 puis de 18 m en priant et en prêchant pour des fidèles de plus en plus nombreux.
Le lendemain nous prenons la route après avoir remercié Grégoire, notre hôte. Direction la vallée de l’Euphrate qui nous mènera ensuite dans le désert à quelques encablures de l’Irak. Un important barrage permet de fournir de l’électricité pour une bonne partie du pays ainsi que de l’eau pour irriguer les cultures de cette région. Nous goûtons des poissons au pied de la forteresse et du lac en prêtant une oreille attentive aux divagations de Matthieu sur la salinité du lac…
En arrivant vers Deir Ez Zor Matthieu propose une petite partie de golf dans le désert. Nous arrêtons donc la voiture, sortons le driver et les balles (transportés depuis rennes) et c’est parti pour un « practice » comme disent les initiés !
Le soir c’est dans un café local que nous prenons un thé accompagné d’une chicha tout en jouant aux cartes sous le regard amusé des locaux. La salle enfumée est rythmée par les cris de joie ou de réclamation des joueurs qui semblent très impliqués dans leurs parties.
Après une nuit dans une auberge au confort rudimentaire, la route du désert nous fait face et tandis que nous empruntons des pistes vers le château de Rassafé une tempête de sable se lève et nous cache toute visibilité. La piste devient de moins en moins visible et l’absence totale de points de repère augmente la difficulté de l’orientation.
Au loin une maison, nous décidons de demander notre chemin. Des bédouins nous accueillent chez eux et nous invitent à prendre le thé, nous montrons notre parcours depuis la France, ils sont captivés par les photos et demandent des portraits. Malheureusement la barrière de la langue nous prive d’un échange plus approfondi mais me motive encore plus pour apprendre l’arabe dès notre retour à Beyrouth.
La suite au prochain épisode !
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